Le Parage Naturel est un concept un peu flou, tout comme l’Équitation Naturelle vous ne devez pas vous attendre à des schémas et des formules qui vous guideraient pas à pas jusqu’à obtenir le cheval parfait au pied parfait.
Table des matières
“Il vous faudra apprendre à lire le sabot. […] Si vous savez écouter, le sabot vous dira tout ce que vous avez besoin de connaître.”
Votre Cheval Pieds Nus, Pete Ramey
C’est exactement pour cette raison que je crois qu’il s’agit de la meilleure façon de prendre soin des sabots de nos chevaux, car elle nous force à réfléchir et à nous adapter à la nature même de chacun d’entre eux. Le but du parage est de s’approcher au plus près du sabot ‘sauvage’ ! Nous ne devons pas traiter le sabot en fonction de ce que nous voulons obtenir mais en fonction de ce que la nature a prévu.
L’objectif de cet article n’est pas de couvrir le Parage Naturel dans son ensemble, ce qui est au-delà de mes compétences et un vaste sujet. Je souhaite simplement présenter les bases du parage naturel et démystifier l’idée selon laquelle seuls les professionnels sont habilités à (se faire payer pour) s’occuper des sabot de nos chevaux.
Préparation
Une bonne préparation est une des clefs du succès : trouvez un endroit confortable pour le cheval, assurez-vous de vous sentir à l’aise avec lui (et vice-versa), aidez-le à trouver son équilibre avant de lui demander les pieds (et pensez à demander avant de prendre le pied, regardez la vidéo comment éduquer un cheval à donner les sabots si besoin), enfin traitez-le en douceur d’une manière générale.
“Au bout du compte, vous pouvez commettre des erreurs lorsque vous parez, mais ne commettez pas celle de ne rien faire.”
Votre Cheval Pieds Nus, Pete Ramey
Un parage régulier est bien plus important que des diplômes. Si vous restez prudent lorsque vous parez votre cheval et que vous y revenez régulièrement, vous ne commettrez aucune erreur. Parez toutes les 4 à 6 semaines, vous pouvez aller jusqu’à 8 semaines pour des sabots vraiment sains de chevaux qui ne travaillent pas, ou en hiver lorsque l’avalure (la croissance de la paroi) ralentit. Prenez votre temps : n’allez pas trop vite lorsque vous cisaillez, coupez et râpez, il faut éviter bien sûr de blesser le cheval, mais aussi d’en faire trop.
D’autre part, ne tentez pas de forcer le sabot, parez étape par étape : il vous faut “tendre dans la direction du modèle sauvage plutôt que de trancher dans le vif dès le premier parage”.
Un parage naturel ne devrait jamais causer de gêne ou de douleur. Les chevaux que vous parez doivent se sentir aussi à l’aise qu’avant, ou mieux qu’avant bien sûr car c’est finalement le but recherché.
Parage
Le parage n’est qu’une question d’organisation, suivez le programme et prenez votre temps :
Lire le sabot
Déséquilibres, éclats, paroi de la pince, longueur des talons… “visualisez l’os du pied” dans la capsule du sabot.
Jonction de la fourchette avec la sole
Il s’agit d’un repère très important car cette jonction, les lacunes latérales, est la “limite absolue de tout parage”. Au-delà de cette limite, vous risqueriez d’endommager des tissus vivants et de blesser votre cheval. Coupez les rabats de la fourchette à environ 45° afin d’éviter les nids à bactéries, puis coupez la jonction fourchette/sole à son sommet jusqu’à ce qu’elle disparaisse.
Vous pouvez enlever la sole en surface sur environ 2 cm autour de la fourchette, à l’avant des barres, mais laissez le reste de la sole telle quelle. Cette façon de parer la sole va permettre une croissance solide et concave du sabot, la sole se durcissant. La concavité solaire est un dôme naturel que les chevaux sauvages développent au contact d’un terrain souvent dur, c’est aussi notre objectif lors du parage, cependant “la concavité se fabrique par étapes, elle ne se fabrique pas à la rênette.”
Sole calleuse
Il faut laisser autant de sole que possible. L’objectif est de nettoyer la sole morte , reconnaissable à sa texture poudreuse ou floconneuse. La sole cireuse est vivante et devrait être laissée telle quelle. Il faut aider la sole calleuse à recevoir autant d’usure passive que possible en :
- Coupant systématiquement la paroi en excès autour du sabot.
- Coupant les barres avant qu’elles ne deviennent trop longues.
- Permettant un maximum de mouvement au cheval.
“Dégrossir” le sabot
Une fois que la sole morte est nettoyée, coupez la paroi tout le long de la surface plantaire. Vous pouvez utiliser les pinces si la paroi est vraiment longue, sinon la rênette ou la râpe peuvent suffire
Talons et barres
Nettoyer la sole morte (poudreuse ou floconneuse) se trouvant dans le creux du “V” formé par la paroi et les barres jusqu’à ce que vous atteigniez la sole vive (cireuse). Les parties des talons et des barres dépassant ce niveau peuvent être complètement éliminées.
“[…] la sole abîmée nous montre où le sabot tente d’éliminer de la corne…”
Votre Cheval Pieds Nus, Pete Ramey
La distance entre le bourrelet principal et le sol doit être identique de chaque côté du sabot. Ne tentez pas de raccourcir d’un coup d’un seul les talons, coupez simplement l’excès à chaque nouveau parage jusqu’à ce que le sabot trouve sa bonne longueur et la maintienne de lui-même (“Ne coupez jamais les talons plus bas que le niveau de la grande largeur de la fourchette”). Les barres doivent être réduites en ligne droite jusqu’à la fourchette, autour de celle-ci et de son sommet. Coupez toutes les craquelures présentes dans les barres.
Pince
Observez de plus près les deux premiers centimètres de paroi se trouvant sous le bourrelet. Il s’agit de l’angle de croissance naturel du sabot. Tout changement d’angle le long de la paroi indique que la pince est étirée vers l’avant. Ne touchez pas à la sole de la pince, mais munissez-vous de votre pince à parer pour réduire la longueur du sabot en coupant la paroi jusqu’à la ligne blanche au niveau de la pince perpendiculairement à la surface plantaire. Cela permettra d’arrêter l’étirement de la chair feuilletée et soulagera le cheval instantanément.
Quartiers
Ils ne doivent pas être en contact avec le sol sur une surface plane, mais légèrement creusés, comme la paume de nos pieds. La paroi doit être laissée environ 1 mm au-dessus du niveau de la sole afin de mieux la protéger dans cette zone des quartiers.
Paroi vue du dessus
Elle doit descendre en ligne droite depuis le bourrelet jusqu’au sol. Si ce n’est pas le cas, râpez l’excès de corne. En regardant le sabot depuis le dessus, la “paroi devrait être sensiblement parallèle au bourrelet principal sur tout le pourtour du sabot”.
« Mustang roll »
Même nos chevaux domestiques ont droit à ce qui se fait de mieux. Le “mustang roll” le long du sabot empêchera le sabot de casser ou d’éclater, de plus il améliorera la locomotion du cheval car ses sabots se rapprocheront de leur silhouette naturelle.
En fin de compte, gardez les points suivant à l’esprit lors du parage :
- Lire le sabot
- Couper la fourchette jusqu’à sa jonction avec la sole
- Développer la sole calleuse
- Dégrossir le sabot
- Supprimer les barres et réduire les talons
- Raccourcir la pince SI NÉCESSAIRE
- Former les quartiers
- Râper la paroi en ligne droite jusqu’au sol
- Former le “Mustang roll”
Vérifier et accompagner
Une fois le parage terminé, il est important de prendre du recul et d’observer d’un œil critique le travail effectué. Assurez-vous de l’équilibre et de l’uniformité des sabots. Vu de face, le bourrelet doit être parallèle au sol. D’autre part, bien qu’il ne faille pas rechercher d’angles spécifiques et définitifs, naturellement les sabots postérieurs tendent à être plus inclinés que les antérieurs.
Le parage ne fait pas tout. Votre persévérance et votre régularité sont des clefs pour maintenir un sabot sain : “mieux vaut prévenir que guérir”, c’est particulièrement vrai lorsque l’on évoque la question des sabots. La réhabilitation ne doit se faire qu’une seule fois, ensuite il s’agit simplement de maintenance.
De même que l’Équitation Naturelle prévient tous les comportements irrespectueux et dangereux chez les chevaux, le Parage Naturel _ lorsqu’il est utilisé dès le départ chez le poulain _ permet de prévenir les maladies et malfonctions du sabot. Enfin, assurez-vous de faire le nécessaire pour réussir : le régime alimentaire doit être précautionneusement choisi (pas de sucre ou de nourritures trop riches), l’environnement doit être en phase avec les besoins du cheval (beaucoup de mouvement, un terrain sec, une vie en troupeau), etc.
En guise de conclusion, je vous invite à lire le livre de Pete Ramey (ici un extrait traduit en français) : Votre Cheval Pieds Nus. Toutes les idées avancées dans cet article en sont tirées (la version française n’est plus disponible, la version anglaise est plus riche par ailleurs). Pete Ramey était un maréchal-ferrant “classique” qui a eu l’occasion d’apprendre avec Jaime Jackson, il a ensuite pratiqué sur des centaines de chevaux et a su obtenir d’excellents résultats. Son approche empathique et loin des canons marketing est plaisante, et ses explications parfois techniques sont toujours intuitives et claires.
Ni se sous-estimer, ni se sur-estimer :
Je suis persuadé que tous, propriétaires et cavaliers, avons la possibilité de faire plus et mieux pour nos chevaux, ce qui inclut le soin de leurs sabots et donc leur parage. L’intention de cet article est d’inviter ceux qui hésitent encore à prendre leurs outils et à pratiquer… MAIS, ne commencez pas à couper, cisailler et râper avant de vous être éduqué. Lire le livre de Pete Ramey est un excellent début, jetez un œil aux vidéos disponibles sur internet, consultez les sites spécialisés, compulsez les articles. Lorsque vous avez suffisamment appris, allez-y, vous ne le regretterez pas.
Exemple de premier parage
Avant parage – Les parois sont trop longues, la conséquence directe est une pince étirée vers l’avant, la paroi se décollant de la chair feuilletée. Les barres n’ont pas été coupées depuis longtemps, ce qui a créé des points de compression sur la sole.
Après parage – Les parois ont été coupées au niveau de la sole vive, les barres ont été éliminées et les talons quelque peu réduits. La conséquence désastreuse de ces longues parois est que le sabot a tourné autour de l’os qui se trouve trop bas…